The Joe Beef Market Society / La Société du Marché Joe Beef
Home  |   Contactez-nous  |   À propos  |   Photos

À propos du Marché Joe Beef
Le Marché Joe Beef est une production du Théâtre Communautaire de Pointe St-Charles de concert avec des résidents volontaires de Pointe-St-Charles.

Cet événement a généralement lieu dans le Parc Joe Beef  le 2ième samedi de septembre. Les objectifs principaux sont de rassembler la communauté et faire connaître les artisans, les artistes et les groupes communautaires qui font partie intégrante de la population de quartier vivant qu’est Pointe-St-Charles.
De plus les secteurs Jeunesse et Adulte du Théâtre Communautaire rendent hommage à un personnage historique de l’arrondissement du Sud-Ouest de l’Île de Montréal ou du Grand Montréal.  En 2013, nous désirons rendre hommage à Marguerite-Bourgeoys et aux Filles du Roy.

Qui est Joe Beef?
Charles McKiernan a reçu son surnom de Joe Beef  lors de son séjour dans l’armée britannique lors de la Guerre de Crimée en titre de Maître de manœuvre. Il est raconté que lorsque son régiment faisait face à une pénurie de nourriture, McKiernan avait la réputation quasi-surnaturelle de trouver instantanément de la viande et provisions, d’où le surnom de Joe Beef.

Cet homme qui deviendra connu à Montréal comme un philanthrope bourru, en arrivé vers 1864  lors de l’installation de son régiment d’artillerie. Il fut responsable de la cantine principale de la caserne militaire du fort de l’Île Ste-Hélène.

Lors de sa sortie de l’armée en 1868, il a ouvert la ‘Taverne Joe Beef’. Sise au 201-207 De la Commune (dans le Vieux-Montréal actuel), cette taverne, jouxtée d’une auberge, fut renommée dans toute l’Amérique du Nord.

Joe ne refusait jamais le couvert à quiconque. Un reporter de l’époque le cite ainsi : « Peu importe qu’il soit Ang lais, Français, Irlandais, Nègre (sic) ou Indien et peu importe la religion qu’il pratique ». Quotidiennement des débardeurs, des quêteux, sans-abris et journaliers et autres marginaux de la société faisaient la queue à la porte de la taverne au moment du dîner. La majorité des clients de la taverne étaient de la classe ouvrière. Les ouvriers du Canal Lachine, marins et ex-militaires assuraient la stabilité financière de l’entreprise. Cette taverne était le pivot social de cette classe ouvrière, logée principalement dans le quartier Griffintown qui, à cette époque, n’avait accès à aucuns lieux de rassemblement tels des parcs ou places publiques. De plus, les grands rassemblements sociaux étaient rares. Seules les églises et les groupes sociaux en organisaient et, ce, qu’à de très rares occasions. De ce fait, la taverne est devenue un pivot du divertissement populaire du quartier.

Un athéiste convaincu, McKiernan ne se souciait ni de Dieu ni de Diable. Clergé, Rabbins, Pasteurs et autres religieux n’avaient aucune emprise sur cet homme, seul le profil du Roi sur la pièce de monnaie importait. L’été, il se confiait à la providence pour être à l’abri du besoin et, lorsque venait la bise d’automne et de la gelée d’hiver, se confiait au soin de la chaleur du bois d’érable et du tout-puissant Dollar. Selon lui, Montréal avait suffisamment d’églises, chapelles remplis de prêcheurs, exaltés et autres énergumènes.

Un reporter du New York Times n’est cependant pas impressionné. Il décrit la taverne de Joe Beef comme étant un glauque nauséabond et malsain. «Quoique le propriétaire soit lettré et éduqué et s’exprimant et écrivant correctement, il me semble plus proche du diable et son commerce ressemble plus à ma perception de la description biblique de l’enfer ».
Joe Beef était connu pour la ménagerie qu’il conservait dans son cellier. En effet, en plus des chiens de la maison, 4 ours noirs, 10 singes, 3 chats sauvages, un porc-épic et un alligator étaient visibles par des trappes aménagées dans le plancher de l’établissement. Régulièrement, il sortait un ours de sa cage pour ramener le calme dans son bar, jouer au billard avec les clients ou simplement animer la foule par des combats avec ses chiens.

Il est même décrit qu’un de ses ours « Tom » avait une diète quotidienne composée entre autre de 20 pintes de bière. Il s’essayait dans la salle commune et levait le verre entre ses pattes avant, et buvait sans verser de gouttes. On rapporte que McKiernan fut mordu par un buffle en démonstration et dû passer quelques jours à l’hôpital. À une autre occasion, un officier de paix faisant l’inspection des lieux, pour le renouvellement de la License, fut mordu par les chiens du propriétaire.

La Taverne de Joe Beef fut en opération de 1870 jusqu’à sa mort à l’âge de 54 ans, en 1889, d’une crise cardiaque.

Funérailles
Pour souligner les funérailles de cet homme d’exception, tous les commerces du district ont fermé leurs portes. 50 organismes représentants des travailleurs ont accompagné le cercueil déambulant à travers la ville sur un corbillard tiré par des chevaux. Le tout composait un cortège de plusieurs pâtés de maison. Le journal La Minerve rapporte:

« La foule est constitué de Chevaliers du Travail, de travailleurs et journaliers de toutes classes. Tous les malchanceux et marginaux à qui le philanthrope-aubergiste a si souvent étendue une main amicale et généreuse se sont masser pour rendre un dernier hommage à sa mémoire ».


Héritage
Malgré un manque d’éducation formelle, McKiernan se considérait un intellectuel et était un avide lecteur. Il débattait chaudement des sujets d’actualité et se voulait un défenseur des droits des démunis et petites gens.  Il amusait la foule en récitant des vers ou en ridiculisant les autorités et l’élite tels : les employeurs, les propriétaires fonciers, les contremaîtres ou le clergé. Il se faisait l’avocat de la classe ouvrière de Griffintown. Il a aussi joué un rôle important lors de la grève des employés du Canal de Lachine en 1877 en fournissant aux grévistes 3 000 miches de pains et 500 gallons de bouillis. Il a même payés les frais de voyage pour qu’ils puissent aller manifester auprès du gouvernement fédéral à Ottawa. Lors de leur départ de Montréal, il s’est adressé à quelques 2 000 personnes massées devant sa taverne dans « un discours en vers qui a été chaudement applaudis ». 

Il a aussi porté assistance aux grévistes de la fabrique de textile Hudon, située dans l’est de l’île en 1882.

En sa qualité de point focal de sa communauté, la taverne Joe Beef a pourvu aux besoins sociaux de ses concitoyens en fournissant des services sociaux essentiels tels : de logement à loyer modique, de banque alimentaire et emplois temporaires pour les pauvres et démunis de Griffintown.